Un vent de changement souffle sur les échanges commerciaux internationaux. À compter du 2 mai, les portes du marché américain se referment progressivement aux importations en provenance de Chine et de Hong Kong. Les chaînes d’approvisionnement, jusqu’alors flexibles et économiques grâce à l’exemption de minimis, sont désormais secouées.
Les entreprises doivent repenser leurs stratégies logistiques face à l’imprévisibilité des nouveaux tarifs. Les coûts d’importation grimpent en flèche, menaçant la compétitivité des produits destinés aux consommateurs. Cette transition impose une réévaluation des modes de distribution et une adaptation rapide aux nouvelles réalités du commerce international. Les acteurs du marché naviguent dans ces eaux tumultueuses, cherchant des solutions innovantes pour maintenir leur présence sur le marché américain.

Les envois de minimis sont-ils impactés par les récentes hausses de tarifs en Chine ?
Avec la suppression de l’exemption de minimis, les produits venant de Chine et de Hong Kong seront désormais soumis à des tarifs plus élevés. Actuellement, les importations en provenance de ces régions font face à un taux de tarif combiné de 145 %, ce qui représente une augmentation significative des coûts pour les expéditeurs. Cette mesure s’ajoute aux actions de l’administration Trump visant à restreindre la portée de cette exemption.
Pour les envois inférieurs à 800 $, les droits de douane ne seront plus applicables, mais les expéditions postales internationales devront désormais faire face à un taux de 120 % ou une taxe fixe de 100 $, cette dernière passant à 200 $ dès le 1er juin. Cette augmentation vise à compenser les difficultés rencontrées par le service postal américain, qui n’était pas conçu pour gérer des colis en grand nombre. Comme l’a expliqué Marianne Rowden, CEO du E-Merchants Trade Council, « Cela n’était vraiment pas conçu pour des colis, mais pour des lettres. » Cette distinction est cruciale pour comprendre l’impact direct sur les expéditeurs utilisant le système postal.
De plus, le service postal de Hong Kong a annoncé qu’il ne collectera plus les tarifs et suspendra immédiatement l’acceptation des envois non aériens vers les États-Unis. Les colis aérien en provenance de Hong Kong seront également refusés à partir du 27 avril, réduisant drastiquement les options d’expédition disponibles pour les expéditeurs.
Les changements du de minimis entraîneront-ils des augmentations de prix ?
L’élimination imminente de l’exemption de minimis pourrait provoquer une volatilité des prix à court terme pour les produits de commerce électronique provenant de Chine. Avant la fin de l’exemption, de nombreux expéditeurs pourraient lancer des ventes agressives pour écouler leurs stocks, comme le suggère Aaron Rubin, CEO de ShipHero. Cette stratégie vise à transférer autant de volume que possible avant l’imposition des nouveaux tarifs.
Une fois le 2 mai passé, les tarifs supplémentaires seront répercutés sur les consommateurs. Des géants du e-commerce tels que Shein et Temu devront absorber ces coûts additionnels, ce qui se traduira probablement par une augmentation des prix des produits. Les marques devront alors communiquer efficacement avec leurs clients pour justifier ces hausses et maintenir leur confiance. Juan Pellerano-Rendon, responsable marketing chez Swap, souligne que « les consommateurs devront malheureusement accepter de payer une partie de ces coûts, et les marques doivent bien expliquer la raison de ces augmentations. »
Il est essentiel pour les expéditeurs de réfléchir à la manière d’intégrer ces nouveaux tarifs dans les prix des produits. Selon Agustin Farias de Passport, les marques peuvent choisir d’ajouter ces coûts en tant que frais distincts lors du paiement ou les inclure dans le prix global des produits. Cette décision impactera la perception des consommateurs et la compétitivité des produits sur le marché.
Comment les importateurs peuvent-ils s’adapter aux changements du de minimis ?
Face à la fin de l’exemption de minimis, les détaillants de commerce électronique doivent envisager des ajustements stratégiques pour minimiser l’impact des nouveaux tarifs. Une des principales recommandations est de déplacer davantage d’opérations de fulfillment aux États-Unis. Actuellement, de nombreuses marques utilisent des installations au Canada et au Mexique pour expédier leurs commandes vers les États-Unis, mais la fin de l’exemption les pousse à explorer des options domestiques.
Ryan Petersen, CEO de Flexport, indique que « toutes ces entreprises se démènent actuellement pour rapatrier le fulfillment aux États-Unis. » Cette transition permet non seulement de réduire l’exposition aux tarifs, mais aussi d’améliorer les délais de livraison et la gestion des stocks. Par ailleurs, les entreprises peuvent envisager d’importer des inventaires en gros ou de collaborer avec des courtiers en douane et des avocats spécialisés pour limiter les coûts liés aux tarifs.
Une autre stratégie consiste à regrouper les articles provenant de Chine et de Hong Kong dans un seul manifeste en utilisant des procédures d’entrée traditionnelles. Bien que ces articles soient toujours soumis aux tarifs, cette méthode permet de réduire les coûts de courtage en douane en consolidant les entrées au lieu de les traiter individuellement.
Par ailleurs, l’exportation de produits depuis des pays comme le Vietnam peut constituer une solution à court terme intéressante. Selon Portless, un fournisseur de fulfillment e-commerce, les produits fabriqués au Vietnam bénéficient actuellement des avantages de minimis, offrant une alternative viable aux expéditeurs cherchant à éviter les nouveaux tarifs imposés sur les produits chinois.
L’exemption de minimis peut-elle survivre ?
L’avenir de l’exemption de minimis reste incertain, malgré les efforts de l’administration américaine pour la limiter. Un décret exécutif sur les tarifs réciproques prévoit que l’exemption sera supprimée pour les pays autres que la Chine une fois que les systèmes de collecte de droits de douane seront en place, bien qu’aucune date précise n’ait été annoncée. Certains experts doutent de la longévité de cette exemption dans sa forme actuelle, prévoyant une suppression totale d’ici la fin de 2025.
Cependant, la Maison Blanche a laissé la porte ouverte à des modifications supplémentaires de l’interdiction de minimis pour la Chine et Hong Kong. Le secrétaire au Commerce doit soumettre un rapport dans les 90 jours suivant l’ordre exécutif du 2 avril, évaluant l’impact des changements sur les industries américaines, les consommateurs et les chaînes d’approvisionnement, et faire des recommandations pour des actions futures. Cela laisse une certaine flexibilité quant à la possibilité de réintroduire ou d’ajuster l’exemption sous une autre forme.
Alison Layfield, directrice du développement produit chez ePost Global, estime que l’exemption de minimis persistera à long terme, mais probablement avec un seuil réduit en dessous de 800 $. « Il doit y avoir un seuil qui fonctionne et qui s’applique uniformément à tous les pays, » déclare-t-elle. « Gérer cela par pays serait très compliqué. » Un tel ajustement pourrait permettre de maintenir l’exemption tout en limitant le volume des importations bénéficiant de cette mesure, offrant ainsi un compromis entre facilitation du commerce et protection des industries nationales.
En conclusion, l’avenir de l’exemption de minimis est en pleine mutation, imposant aux expéditeurs de repenser leurs stratégies d’importation et de pricing. Les ajustements rapides et l’adaptabilité seront essentiels pour naviguer dans cette nouvelle ère tarifaire.