Les tarifs maritimes subissent une baisse notable.Juillet pourrait voir une demande en recul.Les cargos d’avril affluent déjà aux ports.
Cette tendance reflète les ajustements du marché face à la diminution de la demande pour les cargaisons en direction des États-Unis. Depuis début juin, les taux de fret ont connu une stabilisation après une montée rapide, impactés par une capacité accrue des transporteurs. Les routeurs, réagissant aux changements tarifaires américains, ont augmenté leur capacité, contribuant ainsi à cette baisse. Les expéditeurs ayant anticipé les fluctuations ont frontchargé leurs cargaisons, précipitant l’arrivée massive des volumes en cette période. Cette stratégie précoce conduit à une saturation des ports, avant même le pic saisonnier traditionnel. À mesure que les taux continuent de baisser, les perspectives pour la seconde moitié de l’année restent incertaines, dépendant notamment des évolutions légales liées aux tarifs du passé. Les acteurs du secteur surveillent de près les ajustements des transporteurs, qu’il s’agisse de réduction de la taille des navires, de suspension de services ou de navigations blanches.

Quelles sont les tendances actuelles des tarifs maritimes en juin ?
En juin, les tarifs maritimes ont connu une baisse significative, marquant un tournant dans le secteur du transport maritime. Selon les données récentes de l’index mondial des conteneurs de Drewry, les taux spot océaniques entre l’Asie et l’Amérique du Nord ont chuté après une hausse marquée au début de juin. Cette diminution des tarifs est principalement observée vers la côte ouest des États-Unis, où les tarifs par unité équivalente quarante pieds ont enregistré une baisse de 7%, atteignant ainsi 5 593 dollars. En revanche, les tarifs vers la côte est restent relativement élevés, se maintenant à 7 183 dollars avec une légère augmentation de 1% par rapport à la semaine précédente, d’après les données de Freightos.
Cette tendance reflète une adaptation du marché aux changements de la demande et de la capacité. Les compagnies maritimes ont ajusté leur offre en ajoutant davantage de capacité en réponse à l’augmentation des tarifs américains. Cependant, cette expansion de capacité intervient alors que la demande diminue, créant une pression à la baisse sur les tarifs. Clint Dvorak, directeur principal des opérations maritimes chez SEKO, souligne que l’arrivée massive de cargaisons en ports, anticipée depuis avril, contribue également à cette baisse des tarifs. En effet, la majorité des cargaisons ont été « frontloadées » en réponse à la période de relâche des tarifs en avril, entraînant une saturation des capacités portuaires et une réduction des tarifs pour attirer davantage de cargaisons.
Quels facteurs expliquent la baisse des tarifs maritimes ?
Plusieurs facteurs contribuent à la baisse des tarifs maritimes observée en juin. Tout d’abord, la diminution de la demande pour les cargaisons à destination des États-Unis joue un rôle crucial. Les importateurs ont en effet anticipé les fluctuations des tarifs douaniers américains en « frontloadant » leurs cargaisons durant les périodes de tarification réduite. Cette stratégie a conduit à une arrivée massive de cargaisons dans les premiers mois de l’année, saturant les ports et réduisant la nécessité immédiate de nouvelles expéditions, ce qui a indirectement fait baisser les tarifs.
Ensuite, l’augmentation de la capacité des compagnies maritimes a également contribué à cette baisse. En réponse aux hausses tarifaires imposées par les États-Unis, les transporteurs ont décidé d’augmenter leur flotte pour maximiser les revenus durant les périodes de haute demande. Toutefois, cette expansion intervient à un moment où la demande commence à faiblir, ce qui entraîne un excédent de capacité et une pression supplémentaire sur les tarifs maritimes.
De plus, l’issue incertaine des défis juridiques liés aux tarifs Trump et l’introduction des pénalités américaines sur les navires chinois ajoutent une volatilité supplémentaire au marché. Selon Drewry, la volatilité et le timing des changements de tarifs dépendront des résultats de ces défis juridiques et des ajustements de capacité des transporteurs, rendant les prévisions plus incertaines.
Comment la demande en déclin influe-t-elle sur le transport maritime ?
La demande en déclin a un impact direct et significatif sur le secteur du transport maritime. En période de baisse de la demande, les transporteurs maritimes se retrouvent avec des navires sous-utilisés, ce qui pousse à une réduction des tarifs pour attirer les cargaisons disponibles. Cette dynamique se manifeste particulièrement vers la côte ouest des États-Unis, où les tarifs ont baissé de manière notable en juin.
La diminution de la demande est également anticipée dans les prévisions des experts. Clint Dvorak prévoit des baisses significatives des volumes annuels d’août à octobre, avec des déclins chiffrés à un chiffre. Cette baisse future de la demande pourrait entraîner une pression prolongée sur les tarifs, nécessitant des ajustements continus de la part des transporteurs maritimes.
De plus, avec la demande attendue en baisse après les pics de mai et juin, les expéditeurs doivent surveiller attentivement les réponses des transporteurs. Ces derniers pourraient opter pour des mesures telles que la réduction de la taille des navires, la suspension de services ou la mise en place de « blank sailings » (navires vides), afin de mieux aligner l’offre avec la demande réelle. Ces ajustements peuvent contribuer à une stabilisation des tarifs maritimes, mais ils ajoutent également une couche de complexité pour les expéditeurs qui doivent planifier en conséquence.
Une autre conséquence de la baisse de la demande est la possibilité d’une réduction des investissements dans l’expansion des flottes maritimes, ce qui pourrait à long terme limiter la capacité globale du marché et potentiellement conduire à une augmentation des tarifs lorsque la demande reprendra.
Quelles sont les prévisions des experts pour les mois à venir ?
Les experts prévoient que la tendance actuelle à la baisse des tarifs maritimes va se poursuivre dans les mois à venir, en raison de l’équilibre affaibli entre l’offre et la demande. Drewry estime que les spot rates continueront de diminuer au second semestre de l’année, à mesure que l’impact de l’arrivée frontée des cargaisons se fait pleinement sentir.
Clint Dvorak de SEKO Logistics anticipe une baisse des volumes avec des déclins à deux chiffres en août, septembre et octobre par rapport à l’année précédente. Cette prévision est étayée par l’arrivée continue des cargaisons frontloadées en ports, ce qui entraînera une saturation prolongée du marché et une pression continue sur les tarifs. De plus, l’incertitude entourant les défis juridiques liés aux pénalités américaines sur les navires chinois ajoute une dimension supplémentaire d’incertitude, pouvant influencer davantage la stabilité des tarifs.
En outre, l’évolution des politiques tarifaires américaines restera un facteur déterminant. Si les pénalités sur les navires chinois sont maintenues ou renforcées, cela pourrait affecter la capacité des transporteurs à ajuster leurs offres de manière flexible, potentiellement limitant les baisses de tarifs ou même les inversant si la demande rebondit fortement.
Les experts soulignent également l’importance de surveiller les ajustements de capacité des transporteurs. Si les compagnies maritimes décident de réduire leur flotte ou de suspendre certains services en réponse à la baisse de la demande, cela pourrait modérer la chute des tarifs. Cependant, la réaction des transporteurs reste imprévisible, ce qui rend difficile toute prévision précise à long terme.
Quelles stratégies adopter pour les expéditeurs face à ces changements ?
Face à la baisse des tarifs maritimes et à la demande en déclin, les expéditeurs doivent adopter des stratégies proactives pour optimiser leurs opérations logistiques. L’une des approches clés consiste à réévaluer les plans d’expédition. En profitant des tarifs réduits actuels, les entreprises peuvent envisager d’augmenter temporairement leurs volumes d’expédition pour bénéficier de coûts plus bas, tout en assurant une gestion efficace des stocks pour éviter d’être en surcapacité lorsque la demande reprendra.
Une autre stratégie importante est la diversification des itinéraires et des modes de transport. Plutôt que de dépendre d’une seule route ou d’un seul transporteur, les expéditeurs peuvent explorer des alternatives vers la côte est des États-Unis ou même diversifier les origines de leurs cargaisons. Cette flexibilité aide à réduire le risque associé aux fluctuations des tarifs et à la capacité des navires.
De plus, l’adoption de technologies avancées peut offrir un avantage concurrentiel. L’utilisation de systèmes de gestion des transports (TMS) et d’outils d’analyse de données permet aux expéditeurs de mieux anticiper les tendances du marché, d’optimiser les itinéraires et de négocier plus efficacement avec les transporteurs. Ces technologies peuvent également faciliter une plus grande visibilité sur la chaîne d’approvisionnement, aidant les entreprises à réagir rapidement aux changements de la demande et aux ajustements tarifaires.
Il est également crucial pour les expéditeurs de renforcer leurs relations avec les transporteurs. Une communication transparente et régulière avec les compagnies maritimes peut permettre d’obtenir des conditions tarifaires plus favorables et de garantir une meilleure disponibilité des navires lors des périodes de baisse de la demande. En outre, les partenariats à long terme peuvent offrir une stabilité dans un marché en constante évolution.
Enfin, les expéditeurs devraient envisager d’adopter des stratégies de gestion des risques. En diversifiant les sources d’approvisionnement et en mettant en place des plans de contingence pour les fluctuations des tarifs, les entreprises peuvent mieux naviguer dans les incertitudes du marché maritime. Cette résilience est essentielle pour maintenir la compétitivité et assurer la continuité des opérations, même en période de baisse des tarifs.