Autrefois considérée comme mécanique de l’ombre, la logistique fait aujourd’hui « marcher » le monde du retail et elle enclenche une véritable transformation numérique dans laquelle la data occupe un rôle central. Avec quelles innovations ? Quels sont les nouveaux enjeux ? Autant de questions qui ont été abordées par un parterre d’experts dans une conférence donnée lors de la première journée du salon SITL le 28 mars à Porte de Versailles.
« C’est la fin de l’abondance ! Nous entrons dans un monde nouveau, dans lequel la pénurie va succéder à l’abondance. La supply chain est au coeur du sujet et doit s’adapter à ce nouveau modèle », explique, d’entrée de jeu, Cédric Lecolley, directeur commercial & filières GS1.
Le monde change, la logistique aussi
Dans ce nouveau monde, les entreprises vont être, de plus en plus, confrontées à une multitude de réglementations. « Ce qui signifie que la supply chain va devoir intégrer ces contraintes pour être conforme aux nouvelles normes« , ajoute-t-il. Enfin, dans ce nouveau monde, la logique d’usage va supplanter celle de la propriété. « Par exemple, ces dernières années, les flottes de véhicules autonomes sont arrivées en entrepôt. Ces solutions sont flexibles et ouvrent la voie au paiement à l’usage« , complète Jean-Louis David, Président du cabinet d’expertises Fractal (FRAnce Conseil et Transition pour l’Automatisation de la Logistique), également présent lors de cette première journée du SITL.
Toutes ces transformations vont entrainer de nouvelles fonctionnalités, donc de nouvelles datas, qu’il va falloir partager. « D’où l’importance d’un langage commun pour pouvoir échanger toutes ces données« , poursuit Cédric Lecolley. Depuis 50 ans, c’est le rôle de l’association GS1, dont l’objectif est de standardiser les échanges de données entre entreprises tout au long de la chaîne de valeur.
Or, plus le temps passe, plus les informations à s’échanger deviennent riches et complexes. Et force est de constater aujourd’hui que le code-barres et le code EAN ne suffisent plus à transmettre toutes les informations utiles.
Le QR Code augmenté GS1 : un scan, des possibilités infinies
Place alors au QR Code augmenté GS1. « C’est le code-barres nouvelle génération« , assure Cédric Lecolley. De fait, quand l’EAN-13 n’intègre que les 13 chiffres du GTIN (Global Trade Item Number) dans son symbole, le QR Code augmenté GS1 peut capturer, lui, d’autres données produit telles que le numéro de lot, la date limite de consommation… Il permet aussi, parce qu’il est possible de le scanner avec un simple smartphone, de partager une infinité d’informations produit à l’ensemble de des partenaires de l’entreprise (distributeurs, fournisseurs, partenaires logistiques et autres régulateurs, etc.) voire même aux consommateurs !
Le QR Code Augmenté GS1 va donc permettre, grâce à la richesse d’informations incluse, de relever le défi de la traçabilité. « Car de plus en plus, il sera nécessaire de pouvoir tracer, mesurer, prouver les informations sur les produits selon des règles communes à tous« , insiste Cédric Lecolley.
La standardisation des infos est nécessaires au calcul de l’empreinte environnementale
Réinventer la supply chain qui évolue dans une logique de monde plus circulaire : c’est aussi l’un des enjeux de demain, comme le rappelle Guillaume Tardiveau, directeur du domaine de recherches entreprise numérique chez Orange Lab. « La logistique est très consommatrice de CO2 et il n’y a pas beaucoup de statistiques sur ce sujet. Or, les entreprises vont devoir de plus en plus fournir des datas sur leur bilan carbone, leurs émissions de CO2. C’est pourquoi nous travaillons sur des solutions qui, via l’intelligence artificielle, permettent de donner des vues statistiques globales (avec des cartes, des graphes…). A terme, nous pourrons dire quel est l’impact en CO2 d’une ville sur son environnement immédiat ».
Clairement, le monde de l’économie circulaire ne se fera pas sans la data, indispensable pour objectiver la démarche. Mais encore faut-il que la sobriété numérique soit aussi au rendez-vous. D’où les travaux évoqués par Guillaume Tardiveau. « Par exemple, nous réfléchissons à normaliser un Tag sans consommation d’énergie, qui s’alimenterait par les ondes ambiantes ». Autre programme de recherche chez Orange, celui sur la 6 G et le sensing. Concrètement, tel un radar, l’antenne mobile de sixième génération serait capable de détecter grâce aux ondes les personnes, ou les objets se trouvant dans un entrepôt par exemple. Une innovation forte, mais pas avant 2030 !
Pour en savoir plus :
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