Afin que les avions deviennent des moyens de transport durables, les compagnies aériennes du monde entier doivent s’engager à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Or, la décarbonation totale du transport aérien est un objectif très compliqué à réaliser.
La migration vers l’assainissement de ce secteur a déjà été entamé. Néanmoins, les acteurs du secteur de l’aviation devront concilier ces solutions avec les moyens dont ils disposent actuellement pour relever tous les défis. Voici de quoi il retourne.
Décarbonation du transport aérien : quelles approches ?
Pour transformer le secteur de l’aviation en moins de trois décennies, trois solutions viables peuvent être mises en place.
Moderniser les flottes aériennes
Améliorer l’efficacité énergétique de l’ensemble des équipements de l’aviation à l’échelle mondiale permettrait, selon des études, de diminuer les émissions de carbone de 30 %. Par conséquent, la conception de nouveaux avions ou la rénovation des modèles actuels en avions reconditionnés réduirait les taux de gaz à effet de serre. Ce qui accélérait la décarbonation du transport aérien.
Néanmoins, cela nécessiterait des fonds colossaux de la part des compagnies aériennes d’entreprendre ces travaux. Depuis toujours, la construction de nouveaux appareils n’est pas aisée. Et la remise à neuf des avions existants dans le monde se fait encore, en moyenne, tous les 25 ans.
Modérer le trafic aérien
Après l’épidémie de COVID-19 et l’arrêt complet du trafic aérien mondiale, il s’est aussi avéré qu’un monde dans lequel moins d’avions circulent est possible. Cette solution est donc une option à prendre en compte.
Mais pour les leaders de l’Industrie de la logistique et du transport, la mise en place d’un tel programme nécessite une restructuration complète de leur organisation. Le transport de marchandises par voie aérienne demeure le plus coûteux. Toutefois, une diminution du nombre de vols dédiés à cet effet est une question qui doit être étudiée plus profondément.
Utiliser les carburants alternatifs
L’utilisation de combustibles verts pourrait être la solution qui ferait de la décarbonation du transport aérien une réalité. Appelés SAF ou Sustainable Aviation Fuel, les carburants alternatifs produits à base d’huiles recyclées sont connus. Il existe déjà des entreprises qui produisent des combustibles à partir des huiles de cuisson industrielles ou de résidus venant du secteur agroalimentaire. Et certaines algues envahissantes peuvent également être transformées afin de servir à la fabrication de carburants.
Mais la production de ces nouvelles sources d’énergie est encore complexe. A une échelle microéconomique, le marché des carburants durables est en pleine expansion. Mais à une échelle macroéconomique, des difficultés demeurent.
Les différents obstacles qui bloquent la production de carburants durables
Etant donné que la production de carburants verts semble être la solution la plus viable pour de nombreux transporteurs aériens. La recherche et le développement de ces solutions doivent être boostés en ce sens.
Cependant, c’est au niveau des coûts que la note devient salée. Si pour les entreprises de transport aérien, le prix du kérosène est bien défini sur le marché. Ce n’est pas le cas des biocarburants. Leur prix connaît des variations, mais il est toujours très élevé. Il est alors difficile de dire si les prix de ces carburants seront revus à la base dans les années à venir ou non.
La raison qui explique cela est simple à comprendre. Il faut des milliards de dollars afin de produire les volumes de combustibles nécessaires à l’ensemble de l’aviation mondiale. Contrairement aux énergies fossiles qu’il suffit de puiser et d’affiner, les carburants durables doivent être créés de bout-en-bout. Et cela représente un coup monumental pour les entreprises qui les fabriquent. Il est donc normal que leur valeur soit supérieure à la moyenne.
Les conséquences provoquées par les prix des biocarburants
Si tous les avions doivent impérativement fonctionner en utilisant des combustibles verts d’ici 2050, il va falloir en payer le prix. En général, la décarbonation du transport sur le globe permettra de réduire sensiblement les émissions de CO². Mais dans le secteur de l’aviation, les voyageurs, les entreprises ou l’ensemble des contribuables utilisant ce moyen de transport devront compenser les coûts investis.
La mise en œuvre d’un programme de décarbonation des transports aériens entraînera une hausse des prix des billets et une hausse des tarifs de fret. C’est inévitable. A moins que les gouvernements du monde entier ne se mettent d’accord afin d’allouer des subventions aux compagnies aériennes. D’où l’utilité de l’appel lancé par exemple par l’ADEME en France.
Une décarbonation progressive du transport aérien
En tentant de miser sur l’application de plusieurs méthodes de décarbonation en simultané ; les leaders des du transport aérien prennent le risque de se développer plus longtemps. Ce qui n’est pas rentable sur le long terme. Par conséquent, les solutions suivantes sont de mise.
La conception de nouveaux types de moteurs
Les moteurs à rotor ouvert ou Open Rotor (en anglais) sont excellents dans le domaine de la mécanique. Ils permettront aux avions d’être plus performants et de rouler sur les pistes sans solliciter une grande puissance. De plus, grâce à des améliorations telles qu’une conception plus accomplie des cellules d’aéronefs et/ou l’emploi de matériaux plus légers, l’avenir du transport aérien peut évoluer plus aisément.
Une organisation plus coordonnée des trafics aériens
Puis, tout comme dans une Supply chain, les arrivées et les départs des avions doivent désormais être mieux organisés. Ils doivent donc tenir compte du taux de pollution qu’ils émettent dans l’atmosphère. Il est par exemple possible de prévoir de nouveaux itinéraires pour les avions. Ce qui décarbonerait plus aisément certains secteurs fortement fréquentés. Cette solution est alors la plus simple à appliquer pour qu’une décarbonation du transport aérien soit effectuée à moindre coup.
Les avions à hydrogène
Ensuite, il y a l’utilisation des « électro-carburants ». Ces combustibles de synthèse pourraient fournir de l’énergie de manière continue aux avions sans polluer. Les e-carburants combinent l’utilisation de l’hydrogène vert et du dioxyde de carbone capté dans l’atmosphère. Ces mélanges composés à parts égales de carburants durables et de kérosène fonctionnent déjà sur des moteurs certifiés. Mais la stabilisation de ces processus est encore au stade de tests comme le prouve le projet HyNeat.
La propulsion électrique hybride
Pour suivre, il existe des aéronefs qui emploient les l’énergie solaire ou l’électricité pour voler. Les vols sur longue distance sont encore impossibles. Mais la technologie mise à disposition des ingénieurs ayant mis ces systèmes au point est en cours de perfectionnement. Ces appareils hybrides dotés de propulseurs électriques externes fonctionnent. Et c’est l’essentiel. Le transport d’un nombre restreint de passagers peut alors être envisageable sur courte distance. Tout comme il est possible d’effectuer du transport de colis moyens ou légers via cette solution.
Les limites de la décarbonation du transport aérien
Au vu de tous ces scénarios, il est prévu que le taux d’émissions de CO² dans le secteur aérien passerait de 25 millions de tonnes en 2025 à 15 millions en 2040. Et qu’en 2050, il serait seulement de 9 millions de tonnes. Sauf que les progrès allant dans ce sens sont à peine perceptibles. Et bien d’autres limites font obstacles aux projets de décarbonation du transport aérien.
L’aviation, en concurrence avec les autres secteurs du transport
Il ne faut pas oublier que les compagnies aériennes ne sont pas les seules à s’engager sur la voie de la décarbonation. Les entreprises de transport routier, ferroviaire et maritime sont aussi de la partie. Demandant également des subventions publiques auprès des gouvernements, ces acteurs se livrent souvent à de multiples négociations. Sans quoi, il serait difficile de débuter des projets sur le sujet. Et ces sociétés auraient du mal à se procurer des carburants durables ou des e-carburants.
La disponibilité restreinte des ressources
Les acteurs du monde de l’aviation négligent aussi le fait que les ressources dont disposent les producteurs de biocarburants sont restreintes. De ce fait, c’est une limite considérable à l’atteinte de la neutralité carbone. Ce qui implique que les transporteurs aériens doivent s’organiser au mieux afin de parvenir à surmonter toutes les situations impliquant d’éventuels manques de carburants.
Des hypothèses pour le moins incertaines
Sinon, la plus grande des limites à la réalisation des projets de décarbonation dans le domaine du transport aérien, c’est la théorisation. Toute hypothèse peut se révéler vraie ou fausse. Mais tant que les résultats ne sont pas tangibles, il est difficile d’affirmer que les objectifs écologiques de 2050 aboutiront. Voilà pourquoi, il est crucial de rapporter toutes les réussites portant sur ce sujet.
Décarbonation du transport aérien : les défis à relever par les compagnies aériennes
Pour pouvoir faire en sorte que la décarbonation du transport aérien soit concrète, les différentes plateformes logistiques de la planète devront renouveler leurs flottes aériennes. Et cela, en y incorporant des systèmes plus performants. Les dirigeants de tous les pays ainsi que les industriels devront investir des sommes faramineuses dans la production de carburants verts.
Enfin, tous les aéroports devront revoir la manière dont ils administrent le déroulement de leurs opérations au sol. La sécurité du transport de passagers et des marchandises doit être assurée. Mais c’est particulièrement en matière de logistique que des changements doivent être opérés. Quand les appareils sont immobilisés, il est en effet important de réaliser leur maintenance et leur entretien.