Sandra Martin
Toute supply chain doit posséder un stock de sécurité en cas d’événement inattendu. Le calcul de la valeur de ce quota de marchandises doit donc se faire judicieusement.
Afin de faire perdurer la réputation d’une entreprise, il est important qu’elle soit toujours en mesure de répondre à la demande client. Dans le cas contraire, elle s’expose à des pertes en termes de ventes. Or, cela nécessite donc que les stocks de marchandises dont elle dispose soient bien gérés. Voilà pourquoi un stock de sécurité est nécessaire. Voici de quoi il retourne.
Qu’est-ce que le stock de sécurité ?
Connu sous le nom de « safety stock » en anglais, le stock de sécurité est un niveau de stock supplémentaire détenu par toute entreprise. Il sert notamment à faire face en cas d’urgence, aux aléas économiques. Ces risques peuvent survenir à tout moment. C’est pourquoi, il est essentiel que toutes les supply chains possèdent un stock de réserve afin de pallier d’éventuels manques de produits. L’objectif principal de la mise en place d’un stock de sécurité est donc d’éviter une rupture totale des stocks qui compliquerai la satisfaction des demandes des clients.
Les ruptures peuvent être notamment dues à des prévisions erronées de la demande ou à un ralentissement dans le processus d’approvisionnement de la supply chain. Mais quoi qu’il en soit, il est primordial d’empêcher que cela se produise. Parce que ces facteurs auront un impact direct sur le délai de livraison des marchandises.
Entre autres, aucune entreprise n’est à l’abri des modifications substantielles de la demande. Par contre, il est possible d’éviter les retards de livraison des fournisseurs grâce à l’application d’un WMS. Par conséquent, afin de pouvoir gérer des stocks comme il se doit, la mise en place d’un stock minimum et celle d’un stock de sécurité permettra à tous les réseaux d’approvisionnement de fonctionner normalement.
Différence entre stock minimum et stock de sécurité
Il existe une différence notable entre un stock minimum et un stock de sécurité. Un stock minimum désigne la quantité minimale de produits nécessaire à une entreprise pour répondre à une demande. Et, si ce niveau de stock est atteint, cela signifie que l’entreprise doit procéder à un réapprovisionnement de ses stocks en entrepôt.
Tandis que le stock de sécurité est l’ultime réserve sur laquelle toute entreprise peut s’appuyer en cas de crise. En effet, si des produits venaient à manquer durant une pénurie et qu’il serait trop long de procéder à un réapprovisionnement. Les supply chain managers n’auraient d’autre choix que d’utiliser ce stock.
Il est donc nécessaire de contrôler régulièrement la gestion des stocks, car les quotas de marchandises entrantes et sortantes doivent être équilibrés. En amont de la supply chain, la planification de la demande doit donc être précise afin que l’acheminement des biens et services demandés se passe bien.
Calcul du stock de sécurité
Il existe 6 manières d’obtenir la valeur du stock de sécurité dans une supply chain. Ces différentes méthodes de calcul sont les suivantes :
Formule basique de calcul du stock de sécurité
De base, afin d’assurer un nombre précis de jours d’approvisionnement, il est nécessaire d’estimer le nombre de « jours de sécurité » durant lesquels une supply chain doit être fournie en marchandises. Or, cette donnée s’obtient très souvent par expérience.
En effet, si une entreprise dispose par exemple de 100 articles, et qu’elle vend 1 article par jour et qu’il faut en moyenne 10 jours afin d’approvisionner entièrement la chaîne. Par expérience, le nombre de jours de sécurité équivaut à 5 jours. Par conséquent afin d’obtenir le niveau de stock de sécurité à partir de ces données, la formule suivante est applicable :
Stock de Sécurité (SS) = Ventes moyennes (VM) x jours de sécurité (JS)
Or, cette méthode de calcul est basique et ne permet pas d’avoir des données correctes. Mais, c’est en la combinant avec d’autres informations fournies par une classification ABC de la supply chain que le résultat du calcul pourrait être exact.
Formule Moyenne – Max
Une autre méthode partant cette fois-ci du principe de répétition permet aussi d’estimer la valeur du stock de sécurité. Il s’agit là de se protéger contre tout risque de rupture de stock en combinant la plus forte variation de la demande et celle de l’offre. C’est pourquoi, cette méthode porte alors le nom de max – moyenne et sa formule est la suivante :
SS = (Délai Max × Vente Max) – (délai Moyen × Vente Moyenne)
Cette formule est fiable jusqu’à une certaine limite. Mais, un retard ou une augmentation subite des ventes peut fortement impacter le résultat de cette opération. De plus, il est important de toujours utiliser la même unité de temps. Sinon, cela pourrait fausser l’ensemble du calcul. Voilà pourquoi, il est préférable de plafonner les délais et les ventes max.
En tenant compte de ces valeurs aberrantes, le résultat obtenu forcera toujours la supply chain à avoir des niveaux de stock élevés. Or, cela engendre des coûts de stockage également élevés. Ce qui n’est pas l’objectif.
Afin d’équilibrer les forces, il est donc nécessaire de prendre et le taux de service client en compte. Tout comme il faut considérer les coûts de stock pour avoir une valeur plus précise du stock de sécurité.
Loi normale avec incertitude sur la demande
Ensuite, il est bon d’appliquer une méthode qui suppose une distribution normale de la demande pour avoir le stock de sécurité.
Pour ce faire, il faut donc tenir compte d’une distribution de probabilité symétrique à une moyenne. Si la valeur d’une donnée s’éloigne de cette moyenne, la demande d’un produit spécifique est faible. Dans ce cas, il serait donc idéal de vendre plus ou moins le même nombre de produits d’une période à une autre, afin d’être dans le bon axe d’une courbe de distribution.
Le facteur de service Z ou coefficient de service est la variable qui rend toute demande incertaine. En supposant qu’une entreprise dispose de toutes les données des ventes sur une période donnée. L’application de la formule de variation standard de la demande permettrait alors d’obtenir la valeur de l’écart-type de la demande/mois ainsi que le délai de livraison des produits/mois. Puis, il suffirait alors d’obtenir le stock de sécurité en faisant le calcul suivant:
Stock de sécurité (SS) = facteur de service Z x écart-type de la demande x (délai moyen de livraison)
Parmi les méthodes précédemment citées, celle-ci est la plus fiable, si la supply chain ne dispose d’aucune donnée sur les opérations passées. Ce calcul permet donc de gérer les stocks à partir de zéro pour ensuite pouvoir analyser ces données au fur et à mesure du temps.
Loi normale avec incertitude sur le délai
Sinon, pour obtenir la valeur du stock de sécurité en ne sachant pas sur quelle période se baser, il faudra donc estimer l’écart type du délai de livraison. Et, une fois cela fait, le calcul de la quantité de stock de sécurité se fait suivant cette formule :
Stock de sécurité (SS) = facteur de service Z x écart-type vente moyenne x écart-type du délai de livraison
Le résultat de ce calcul sera différent de celui obtenu en appliquant la formule précédente. Il est à noter que cette méthode ne peut être utilisée qu’en tenant compte de quelques conditions. Le taux d’incertitude de la demande devrait être faible. Tandis que la variation du délai de livraison moyen des marchandises doit être assez stable. Et, il faut aussi que l’apparition de variations dans le processus d’acheminement des marchandises soit négligeable.
Loi normale avec incertitude sur la demande et le délai indépendants
Ensuite, sans connaître le délai moyen de livraison des marchandises ni le nombre de demandes, il est tout de même possible de déterminer la valeur d’un stock de sécurité. Il est donc nécessaire de supposer en amont que le délai et la demande sont des données indépendantes et qu’elles ne sont pas liées.
De ce fait, il est possible d’appliquer la formule suivante:
Stock de sécurité (SS) = facteur de service Z x ((délai moyen de livraison x (écart-type demande) ² + (vente moyenne x écart-type délai) ²)
Le chiffre obtenu après ce calcul sera sans doute plus élevé que celui obtenu en appliquant les méthodes normales précédentes, en considérant le fait que deux données sont incertaines dans cette opération. C’est pourquoi, cette méthode n’est recommandée que lorsque les responsables d’une supply chain ont une vision claire des variations des délais et de la demande.
Loi normale avec incertitude sur la demande et le délai dépendants
Pour finir, la sixième méthode permettant de déterminer la valeur du stock de sécurité d’une supply chain est la suivante :
Stock de sécurité (SS) = facteur de service Z x écart-type de la demande x (délai moyen de livraison) + facteur de service Z x vente moyenne x écart-type délai de livraison
Au terme de ce calcul, il est quasiment certain que la chaîne d’approvisionnement aura besoin d’un stock de sécurité d’envergure. Par conséquent, c’est aux équipes marketing de faire en sorte que les produits de la chaîne d’approvisionnement s’écoulent vite. De cette manière, il sera plus facile d’équilibrer l’ensemble de la gestion des stocks.
Enfin, aucune supply chain n’est à l’abri des différents bouleversements qui peuvent survenir à tout moment et perturber le marché de l’offre et de la demande. Voilà pourquoi, au lieu de tergiverser à choisir la meilleure formule pour avoir une valeur du stock de sécurité, il est plus intéressant de se pencher sur la qualité des données que la chaîne possède afin d’améliorer d’autres pans de son fonctionnement.
