En levant 6 millions d’euros pour accélérer la décarbonation du transport de marchandises vers un modèle orienté report modal, Everysens affiche de nouvelles ambitions. Explications avec Youness Lemrabet, le fondateur et président.
Comment se porte le fret ferroviaire, surtout si on le compare au routier, au maritime et à l’aérien ?
Nous sommes sur une tendance de fond très positive avec de nombreux industriels qui ont de grandes ambitions pour notamment mettre en place du report modal. Ne pas oublier que les utilisateurs traditionnels du fret ferroviaire sont en général des pollueurs majeurs. Or, se positionner sur une thématique CO2 est extrêmement important pour eux.
Petit bémol cependant, avec le manque de fiabilité par rapport aux autres moyens de transport. En effet, sur un même flux, les délais peuvent varier pour atteindre 3 jours, parfois 4, voire 6 ! C’est un point épineux vis-à-vis des industriels. Avec notre solution, on peut justement améliorer la situation en analysant les données en profondeur. Une sorte de boîte noire. J’ai coutume de dire que tout ce qui se mesure s’améliore !
Sur le plan de la décarbonation, comment comptez-vous faire pour l’accélérer grâce à votre levée de fonds ?
Pour rappel, nous avons conçu un logiciel de gestion des flux de fret ferroviaire permettant de rendre ce mode de transport plus fiable, performant et accessible aux industriels. Sa singularité consiste à organiser l’interaction entre toutes les parties prenantes (chargeurs, loueurs de wagons, opérateurs ferroviaires, gestionnaires de réseau, transporteurs, destinataires de la marchandise) pour piloter l’ensemble de ses opérations de transport ferroviaire. Contrairement aux logiciels traditionnels, l’outil permet d’identifier l’ensemble des aléas du terrain en temps réel (estimation de l’heure d’arrivée, incident technique, changement d’itinéraire, aléa extérieur, etc.) pouvant impacter la qualité de service du transport.
Notre ambition est donc de décarboner le transport de marchandises en accélérant le report modal depuis la route vers le rail qui émet en moyenne 9x moins de gaz à effet de serre, pollue 8x moins l’air et divise par 85 le risque d’accidents mortels.
Et pour agir nous avons deux actions, la première étant immédiate. Il s’agit d’augmenter le nombre de tonnes transportées par les industriels (les grands groupes) et comprendre quelles sont les tonnes qui n’ont pas été envoyées. La deuxième action est d’ouvrir la solution aux ETI. Cette cible d’acteurs est possible parce que nous arrivons à faire baisser le niveau d’investissement en digitalisant les process.
Si on devait catégoriser votre logiciel, dans quelle famille entre-t-il ?
On peut considérer qu’il fait partie d’une nouvelle catégorie, appelée TVMS (Transport Visibility Management System). Il s’agit d’une nouvelle génération de TMS capables de prendre en compte les données avec notamment une capacité d’automatiser la pré-facturation. En effet, nous arrivons à déterminer à quel moment le train vient de rentrer chez le client pour livraison, avec une vue sur l’éventuel retard. Pour résumer, c’est un logiciel de digitalisation avec un traitement des données supérieur pour aider à la décision.
Quelles sont les autres ambitions d’Everysens ?
Notre ambition est Européenne, ce qui ne nous empêche pas d’avoir des contrats qui couvrent les Etats-Unis. Avec comme motivation de “saturer” le ferroviaire pour ensuite passer à un autre mode de transport décarboné, tels que les barges et le fluvial.
Sur le même sujet :
Baromètre Woop 2023 : la livraison du dernier Km portée par la rationalisation des coûts
Bolloré Logistics : la transition écologique au cœur de la stratégie RSE