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Hyliko “roule” pour l’hydrogène vert

Urgence climatique, contraintes réglementaires, flambée des prix de l’énergie etc. Les challenges sont nombreux dans le secteur du transport routier de marchandises (TRM), qui doit accélérer sa décarbonation, comme nous l’explique Lionel Bertuit, Directeur mobilité et hydrogène de la jeune pousse française Hyliko.

Quels sont les enjeux de la décarbonation du transport routier de marchandises ?

Avec 30 % des émissions de gaz à effet de serre (GES), le secteur des transports est le premier émetteur en France. Il est aussi le 2ème secteur le plus consommateur d’énergie, représentant 32 % des consommations nationales. La décarbonation du secteur des transports est donc un passage obligé pour atteindre la neutralité carbone en 2050, mais aussi un défi important pour notre système énergétique.

Quel type de solution proposez-vous pour remédier à cette situation ?

Nous sommes convaincus que l’hydrogène vert, solution zéro émission, est l’énergie idoine pour atteindre la neutralité carbone du transport. D’autant que l’hydrogène est un gaz maîtrisé, utilisé depuis des lustres dans l’industrie. En tant que plateforme de mobilité lourde hydrogène à empreinte carbone négative, nous offrons une solution complète et intégrée : camions + hydrogène carburant + crédits carbone.

Quelle est la différence entre l’hydrogène et l’hydrogène dit “vert” ?

L’hydrogène est aujourd’hui principalement fabriqué avec des énergies fossiles. L’hydrogène vert ou renouvelable est dit vert si ce dernier est réalisé à partir d’énergie renouvelable comme l’éolien, le solaire, l’hydraulique ou la biomasse. Chez Hyliko, nous produisons exclusivement de l’hydrogène vert, c’est-à-dire que nous utilisons le procédé de thermolyse de résidus de biomasse forestière ou agricole. Avec un atout de taille : notre procédé de thermolyse, au lieu de relâcher la totalité du carbone de la biomasse dans l’atmosphère au cours de sa thermolyse, n’en relâche que 50 %. Le reste est capturé sous forme solide dans un co-produit appelé biochar, qui peut être réutilisé par les agriculteurs pour leurs terres car il retient l’eau et les fertilisants.

De ce fait, notre solution capte plus de carbone qu’elle n’en émet. Autrement dit, non seulement, nos camions roulent avec une énergie renouvelable mais en plus, le procédé permet de capturer la moitié du carbone contenu dans la biomasse. Nous sommes capables de la quantifier et nous délivrons les crédits carbone à nos clients, qui peuvent ainsi prouver qu’ils ont retiré plus de CO2 qu’ils n’en ont émis.

À noter : la biomasse forestière non valorisée produite annuellement par la forêt française pourrait alimenter 250 000 camions à hydrogène !

Pourrait-on couvrir l’ensemble des transports avec des solutions d’hydrogène vert ?

Ce n’est pas ce que nous préconisons. L’électrification et l’hybridation, l’hydrogène et les carburants durables et renouvelables, tous ont un rôle à jouer. Dans tous les cas, il faut impérativement supprimer les énergies fossiles. Pour diminuer les gaz à effet de serre. Mais on sait que ce ne sera pas suffisant. D’où l’intérêt de notre hydrogène vert, qui “séquestre” durablement du CO2.

Pour atteindre les objectifs des Accords de Paris, il faudrait en Europe que 200 000 véhicules zéro émissions circulent d’ici à 2030. On en est loin. A titre indicatif, je signale qu’en France, moins de 200 poids lourds électrique ont été immatriculés en 2022 sur un total de plus 45 000 camions ! Il faut accélérer la mise en place de nouvelles solutions zéro émission si on veut atteindre nos objectifs. C’est pourquoi nous engageons actuellement un plan de “rétrofitting” de camions.

Pour faire simple, nous lançons un programme de seconde main, c’est-à-dire que nous récupérons des véhicules thermiques qui ont déjà circulé un certain temps et nous les adaptons pour qu’ils puissent rouler à l’hydrogène vert. Sachant que ces véhicules ont ensuite une durée de vie supplémentaire de 5 à 10 ans. Nous mettons en place un système vertueux : moins de productions de camions neufs et durée de vie allongée.

Quels sont vos premiers clients ?

Nous avons une approche dite ” trucks as a service”. Nous proposons à la location des camions fonctionnant avec une énergie propre et offrant une autonomie trois fois supérieure à celle d’un camion électrique. C’est une offre packagée, qui intègre le leasing du véhicule, la fabrication et la distribution d’hydrogène et l’entretien. Saint-Gobain, le groupe Berto, et les transports Bert & You ont déjà signé avec nous. Mais nous avons plus de 350 lettres d’intention émanant de différents secteurs, avec en tête de fil le BTP, le luxe et l’agro-alimentaire. Nous avons convaincu les chargeurs et les transporteurs du bien-fondé de notre solution. Reste maintenant à installer les stations de recharge et à développer nos flottes de véhicules.

Pour respecter les Accords de Paris, il faudrait au minimum que 1000 stations soient installées en Europe d’ici 2030. Nous installerons notre première station de distribution d’hydrogène au sud de Paris, à Villabé dans l’Essonne en 2024. Pour 2030, nous visons 60 stations françaises et européennes alimentées par la biomasse disponible à 100 km à la ronde et 1 million de tonnes de CO2 séquestrées par an et certifiées par crédit carbone.

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