Woop a publié la seconde édition de son Baromètre de la livraison du dernier kilomètre, en partenariat avec InfoPro Digital. Une édition dominée par un contexte économique en tension puisque l’optimisation des coûts est désormais principal défi à relever pour les entreprises interrogées. Le point sur les tendances avec Matthieu Bonenfant, le Directeur Marketing de Woop.
Quelles sont les principales tendances de la 2ème édition du Baromètre Woop ?
Pour rappel, l’enjeu de notre Baromètre est de décrypter un secteur en pleine mutation et se pencher sur la manière dont les enseignes du retail adaptent leurs stratégies ou leur logistique pour répondre aux contraintes et attentes des consommateurs. Cette année, l’optimisation des coûts est désormais la priorité pour 44% des entreprises interrogées pour la livraison du dernier kilomètre. C’est un crève-cœur de faire ce constat au regard des résultats de la première édition qui mettaient en avant l’amélioration de la satisfaction client et l’expérience de livraison. Sur 2023, il y a donc une progression fulgurante portée sur l’optimisation et la rationalisation des coût. La conjoncture énergétique le contexte inflationniste expliquent ce phénomène.
Il faut en effet rappeler que le dernier kilomètre représente 30% du coût total de l’acheminement d’un produit lors d’un achat en ligne. Un constat non négligeable en termes d’impact sur la chaîne de valeur et donc sur la chaîne de coût. Ainsi, certaines options de livraisons qui peuvent peut-être être vues comme des options coûteuses, sont en recul par rapport à l’année dernière. C’est le cas de la livraison éco-responsable qui est en recul de 6 points par rapport ou bien la prise en charge des retours gratuits qui est en retrait de 9 points par rapport à l’année dernière. Autre enseignement intéressant, 84% des répondants veulent accélérer sur l’orchestration de leur livraison.
Que signifie ce terme orchestration ?
Cela veut dire avoir la maîtrise, organiser et piloter toutes les opérations liées à la livraison, de bout en bout, pour en améliorer l’efficience opérationnelle et la satisfaction client.
Les retailers souhaitent disposer d’un système de dispatch des livraisons via des technologies de pointe pour pouvoir améliorer le remplissage et diminuer les distances (ou les coûts) : automatiser la sélection, challenger les transporteurs, optimiser les ressources, diminuer les trajets…
Une orchestration qui passe par la mise en place de livraisons sur rendez-vous et avec des créneaux horaires précis, ce qui sous-entend une livraison peut-être moins rapide. En tout cas, la vitesse n’est plus la priorité, ce qui compte c’est de proposer une livraison au meilleur moment. La livraison le jour même a en effet plutôt tendance à être moins proposée avec un recul de 4 points sur les personnes interrogées.
Par ailleurs, un des atouts des retailers est de disposer d’un maillage local de magasins assez dense, qui leur permet d’avoir des points de stock très près des clients. Et donc de raccourcir les distances pour les livraisons. Un atout que les pure players du e-commerce possèdent beaucoup moins, à l’image d’amazon qui est en train de construire son propre maillage de hubs avec des entrepôts plus petits. Le tout pour bien-sûr se rapprocher des clients finaux.
Quid de l’aspect environnemental face au dernier Km ?
L’an dernier, la sensibilité écologique des consommateurs était le premier levier pour les retailers. À savoir, mettre en place des options plus responsables. Cette année, force est de constater que cet engagement environnemental est plutôt motivé par les obligations et les contraintes réglementaires (45%, +21 pts comparés à l’année dernière) plutôt qu’une réponse aux attentes environnementales de leur clientèle (34%, -14pts).
Ne pas oublier le rôle important joué par la réglementation sur les ZFE-m. Il y a d’une part les agglomérations qui “appuient sur le frein” par rapport aux règles censées s’appliquer en 2025. En revanche, d’autres agglo essaient d’aller plus loin ou plus vite, à l’instar de la ville de Bordeaux et surtout Grand Paris, Lyon, Aix-Marseille ou Toulouse. Toujours est-il que les ZFE posent des soucis puisqu’un certain nombre de véhicules ne pourront plus accéder aux centres villes, ce qui implique au monde la logistique et de la livraison de se réinventer.
Est-ce qu’on voit une tendance se dégager sur de nouvelles préoccupations ?
En lien avec le sujet ZFE, la question de la multimodalité est très présente pour le dernier Km. La tendance est de verdir le parc de livraison en zone urbaine et se diriger vers une mobilité plus douce : vélo ou véhicule électrique. Mais quid des distances capables d’être parcourues ? Le multimodal entre en jeu avec une première approche à base de véhicule thermique, pour ensuite être relayé par un véhicule vert pour la desserte locale.
Autre préoccupation, celle autour du foncier. Pour pouvoir “assurer” cette multimodalité, les acteurs de la livraison urbaine ont besoin de disposer de zones logistiques très proches des centres villes. Or, les espaces fonciers se font rares désormais et la réglementation est devenue très stricte. Il est désormais nécessaire de racheter des espaces existants si tant est qu’ils soient disponibles… et à quels prix !
Enfin, la réduction du “transport du vide” devient également une priorité. L’objectif étant de remplir au maximum l’outil de livraison et de massifier les flux. Les outils d’analyse des données apportent une aide précieuse pour y arriver afin d’être plus prédictifs sur les schémas de massification. Nous disposons ainsi d’une marge de progression importante pour améliorer la performance et réduire l’impact environnemental de la livraison.
Méthodologie : Etude réalisée par Woop, en coopération avec InfoPro Digital, du 21 février au 10 mars 2023 sur un ensemble de 100 professionnels du Retail français occupant des fonctions de décideur au sein d’entreprises françaises d’au moins 100 salariés et opérant simultanément des canaux de vente physiques et en ligne. Les données de ce baromètre ont été collectées grâce à une enquête en ligne (CAWI).
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