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L’économie circulaire comme vecteur de croissance

Face à un contexte géopolitique et environnemental complexe, les entreprises doivent répondre à de nouvelles exigences en matière d’achat et de gestion des ressources. L’économie circulaire, qui vise à limiter la consommation et le gaspillage des ressources, est une solution cruciale pour un avenir durable. Le point avec Pierre-Emmanuel Saint-Esprit, Directeur Économie Circulaire du groupe Manutan.

Comment l’économie circulaire peut être vecteur de croissance pour les entreprises ?

L’économie circulaire peut offrir des opportunités de croissance pour les entreprises. Tout d’abord, il y a un aspect réglementaire qui exige que les biens acquis par les collectivités territoriales soient issus du réemploi, de la réutilisation ou contiennent des matières recyclées dans des proportions de 20 % à 100 % selon le type de produit. Les entreprises qui ne peuvent pas fournir ces produits risquent de perdre des clients. De plus, l’Union Européenne met en place des politiques dans le cadre du Green Deal qui favorisent l’économie circulaire.

En réduisant les coûts, l’économie circulaire peut être un vecteur de croissance par l’utilisation par exemple de ressources locales plutôt que des ressources naturelles lointaines qui sont en voie de disparition.

Enfin, l’économie circulaire peut offrir de nouveaux services aux clients pour qui l’aspect durabilité et l’approche environnementale deviennent essentiels. Les entreprises doivent proposer des solutions respectueuses de l’environnement pour la gestion des déchets et donner une seconde vie aux produits. Les clients les challengent régulièrement sur ces questions, à elles de s’adapter pour rester compétitives. Par ailleurs, elles ont un rôle majeur à jouer dans cette transition vers un modèle plus vertueux et plus durable, en accord avec les nouvelles réglementations du marché.


Pourquoi les acheteurs doivent s’intéresser à cette économie circulaire ?

Que ce soit en entreprise ou dans les organismes publics, l’économie circulaire envahit le quotidien des acheteurs. Ils ont la responsabilité de réduire l’empreinte carbone de leur organisme, ce qui signifie qu’ils doivent revoir leur catalogue et demander aux distributeurs de fournir des informations et de “verdir” leurs produits. Cependant, il est difficile de mesurer la circularité des produits car il n’existe pas d’indicateur mondial. Il y a plusieurs indicateurs en Europe, mais il y a encore des problèmes de gouvernance à résoudre.

L’économie circulaire s’appuie par ailleurs sur des stratégies de bonne gestion en évitant le gaspillage. L’essor du reconditionné montre que ces produits “revus et corrigés” peuvent fonctionner quasiment comme des produits neufs, mais à un prix inférieur. Les acheteurs peuvent donc trouver des produits plus responsables, économiques et moins chers.

En outre, l’aspect social est également important pour les acheteurs, car beaucoup d’entreprises se lancent des objectifs en termes de financement pour l’insertion professionnelle, tout en évoluant pour être adaptées vis-à-vis des travailleurs handicapés. L’écosystème de l’économie circulaire travaille souvent avec l’économie sociale et solidaire en France. Les acheteurs peuvent donc encourager le combat social en choisissant des produits et des entreprises plus responsables.

En somme, les acheteurs doivent prendre en compte les objectifs économiques, écologiques et sociaux de l’économie circulaire lors de leurs achats. Ils doivent également encourager les distributeurs à adopter des pratiques plus responsables.

La révolution digitale mène-t-elle forcément, à la révolution circulaire ? Quel est votre point de vue ?

Le digital est devenu obligatoire pour réussir une transformation circulaire. Depuis toujours, les systèmes d’information des distributeurs et des retailers sont très forts pour évaluer l’état des stocks. En revanche, dès que vous parlez de produits usagés, de déchets, de produits invendus… le bât blesse, ils ne savent plus ! Comme ce n’est plus vendable, les entreprises y accordent moins d’importance. Aujourd’hui, aucune filière ou éco-organisme n’est capable en réalité de faire une traçabilité à la collecte. Or, pour faire de l’économie circulaire, vous devez savoir où les produits sont collectés, quels sont ceux que vous avez en stock, tout en connaissant leurs parcours. Le système digital High tech permet cette optimisation des flux nécessaire à la mise en place de l’économie circulaire. Le succès de Manutan repose notamment sur la qualité de la gestion de nos flux car nous avons massivement investit dans le digital.

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